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    L'AVOIR OU L'ÊTRE

    Le bonheur vient du dedans, et non du dehors ; il ne dépend donc pas de ce que nous avons mais de ce que nous sommes. » Henry Van Dyke
    Le 28 octobre 2011, dernier jour du Calendrier Maya.

    Que s’est-il passé ce jour là de plus que les jours précédents ?
    Rien apparemment. Ah ! Si, quand même, souvenez-vous ! Le monde économique et financier a failli sombrer corps et biens, accompagné de la disparition de l’euro, mais, à ce qu’il paraît, a été sauvé dans la nuit du 28 au 29 octobre.
    Je ne suis pas économiste mais cela ne m’empêche pas de penser que ce “ sauvetage “ me
    semble de nature très provisoire.
    Le monde connaît depuis trois ans une crise économique sans précédent et il semble bien qu’à chaque fois que des solutions apparaissent et sont appliquées, l’espoir renaisse mais pour peu de temps car, à nouveau, d’autres problèmes surviennent effaçant en gravité les précédents.
    Et les conséquences continuent d’être de plus en plus dramatiques pour un nombre grandissant de gens dans le monde. Il suffit de voir les chiffres alarmants du chômage qui grimpent pendant que le pouvoir d’achat des classes moyennes diminue inexorablement.

    « Ils ont confondu progrès et bonheur »
    Les politiques et les spécialistes financiers sont sans cesse à la recherche de nouvelles formules et chacun d’ailleurs croit détenir la meilleure clé pour déverrouiller ce problème devenu à la longue insoluble.
    De voir comment les choses n’ont fait qu’empirer depuis vingt ans, on se demande d’ailleurs s’ils cherchent sincèrement de vraies solutions ou s’ils font semblant ? Peut-être ne cherchent-ils pas au bon endroit. Nous y reviendrons.

    Depuis longtemps l’être humain est sous la pression d’une logique qui l’amène à penser que le progrès est étroitement lié à l’avoir, la possession des choses matérielles. Qui ne possède pas chez soi, depuis des décennies déjà, tout l’arsenal des machines, à laver, à mixer, à aspirer, à faire le café, bref, la panoplie complète de robots devenus indispensables dans
    chaque foyer de nos pays occidentaux. Dans le domaine de l’informatique, de la vidéo, de la voiture ou des loisirs,
    c’est sans limite et cela devient une course effrénée pour avoir le dernier modèle dans la recherche de la performance et du toujours plus.

    Quelques années après la deuxième guerre mondiale, durant les Trente Glorieuses, nous nous sommes mis à vivre, dans nos pays occidentaux, dans une logique qui veut que consommation égale progrès. C’est-à-dire que suivre le progrès, c’est consommer toujours plus.
    Ce système économique s’est érigé de telle manière qu’il s’est transformé en une véritable idéologie. C’est devenu si attractif que tous les pays pauvres du monde entier, qui pourtant n’ont même pas accès à l’essentiel, les pays asiatiques, les pays arabes, tous, rêvent de ce modèle de vie qui semble faire de la possession de biens matériels le but suprême de la vie.

    Ce système économique est basé sur ce qu’on appelle la croissance. Produire encore et toujours de plus en plus afin de consommer toujours plus et c’est cela qu’on appelle le progrès. Dans cette course effrénée vers une sorte de confort, de sécurité matérielle mais aussi de plaisir, les hommes sont arrivés à accepter la notion de progrès comme étant un but en soi. Ils ont confondu progrès et bonheur.
    Est-ce que cette avidité envers les biens matériels, avidité jamais satisfaite bien sûr, procure du bonheur ?

    Un pays pourtant semble apporter une réponse à cette question en ne suivant pas ce modèle économique, c’est le Bhoutan.
    Le Bhoutan est un petit pays de 47 000 km2, d’un à deux millions d’habitants, coincé curieusement entre les deux pays les plus peuplés de la planète, l’Inde et la Chine.
    Son credo n’est pas le PIB, mais le BNB, c’està- dire le Bonheur National Brut. Je n’invente rien et je vous invite à vous intéresser à ce pays.
    Dans ce royaume, car c’en est un, le mot richesse se traduit par le mot bonheur. C’est ainsi qu’on peut mesurer le niveau de bonheur de ses habitants en se basant sur :
    - La sauvegarde de l’environnement ;
    - La protection des cultures traditionnelles ;
    - Une croissance économique planifiée et mesurée.

    En tenant compte de ses atouts sociaux, culturels, environnementaux, sans oublier son développement économique, le Bhoutan reste fidèle à la déclaration faite en 1972 par Sa Majesté le Roi Jigmé Singye Wangchuk : « Le bonheur national brut est plus important que le produit national brut. »
    Il semble que ce pays vienne tout droit d’un lconte des Mille et une nuit tant les valeurs qui l’animent sont éloignées de celles de nos pays occidentaux.

    Vous ne voudriez pas que dans votre pays on remplace PIB par BNB ? Moi, si !

    Et que faudrait-il faire pour se rapprocher du modèle de ce pays ?
    La solution n’est-elle pas en chacun de nous plutôt que dans l’attente de la dernière idée géniale de nos hommes politiques ? Une chose est certaine : l’humanité traverse un moment crucial de son histoire et se trouve devant des choix [à faire ou incontournables] car on voit bien que la crise actuelle semble mener le monde entier vers une impasse.

    Comme par hasard le mot “crise“ vient du grec “Krisis“, alors que la crise actuelle est cristallisée autour de la dette grecque. Est-ce un hasard ou le clin d’oeil d’une intelligence supérieure ?

    « Ça doit se décider »
    En grec, ce mot signifie décision importante, choix, jugement ou en d’autres termes, " ça doit se décider. "
    Cette crise n’est pas uniquement économique ou financière, je dirais qu’elle est plutôt sociologique, philosophique, voire spirituelle. C’est une crise existentielle, individuelle, elle touche l’individu. Car tout part de l’individu. Les vraies questions que chaque être sur Terre est en droit de se poser sont :

    « Est-ce que je veux continuer de croire que le bonheur que je recherche est dans la
    poursuite d’un idéal construit autour de la possession, de l’avoir. »
    « Est-ce que posséder toujours plus me rend heureux ? »
    « C’est quoi le bonheur pour moi ? »
    « Quel est le sens de ma vie ? »

    « Tout part de l’individu »
    Personnellement, je crois profondément que la solution à la crise est dans la réponse à ces questions.
    Est-ce que l’argent, l’acquisition de biens matériels, l’idéal de « l’avoir » procure le bonheur?
    A mon sens, non, car cette recherche effrénée de possession est insatiable et n’amène que de la frustration et de la violence.
    Voyons dans cette crise, non pas une fatalité, mais une opportunité, je dirais même une chance que nous devons saisir afin de sortir de cette torpeur dans laquelle nous commencions à nous endormir. Ne soyons pas comme la grenouille dont je relate l’histoire au bas de cet article.

    La crise doit jouer le rôle de l’aiguillon qui nous fait sauter hors de la marmite dans laquelle nous étions en train de cuire. C’est un saut quantique auquel la crise nous invite. Une prise de conscience à l’échelle planétaire. Chaque être humain est aujourd’hui devant un choix et je reste persuadé que l’avenir de l’humanité dépend de ce choix.

    C’est pourquoi, je crois que nous devons sans attendre passer de cette logique de l’ « avoir » à celle de l’ « être », car, comme Henry Van Dyke nous le rappelle, le bonheur ne peut venir que de ce que nous sommes et non pas de ce que nous avons.

    Jean GRACIET
    Novembre 2011



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